Avez-vous entendu parler d’industrie 5.0 ? En Europe, elle fait déjà partie des conversations du futur du travail et des entreprises. D’ailleurs, la Communauté européenne a entrepris des travaux sur le sujet et a publié quelques rapports. Ici, au Québec, on trouve que très peu d’information, pourtant cette prochaine itération de la révolution industrielle apporte des avantages importants pour les organisations.
Avant l’industrie 5.0, un peu d’histoire
Depuis plusieurs années, on parle de l’industrie 4.0. En fait, il s’agit de la quatrième révolution industrielle. La première, dans les années 1780, a été marquée par l’ajout de machines alimentées par la vapeur et l’eau. Ensuite, la 2e, quelque cent ans plus tard, est l’introduction de l’électrification et la production de masse par le biais de chaines de montage. On fait un bond d’un autre 100 ans et voici la 3e révolution industrielle qui est le début de l’ère informatique, des ordinateurs et de l’électronique. Avant la 4e, nous avons aussi le concept de mondialisation qui arrive et qui crée des chaines d’approvisionnement mondiales où la production est déplacée dans les pays à faibles coûts. Finalement, la 4e s’appuie sur les concepts de numérisation, robotisation, automatisation, intelligence artificielle, la connectivité, l’analyse des données, etc.
Mais voilà que nous commençons à parler de l’Industrie 5.0 ! Cette prochaine, en fait elle est déjà arrivée, la révolution industrielle met l’accent sur la collaboration humaine et machine. D’ailleurs, la communauté européenne a défini l’industrie 5.0 comme étant « une vision de l’industrie qui va au-delà de l’efficacité et de la productivité comme seuls objectifs, et qui renforce le rôle et la contribution de l’industrie à la société ».
Trois éléments clés de l’industrie 5.0.
Approche centrée sur l’humain.
Ressources contre atouts
On ne parle plus ici de ressources, mais plutôt les employés sont perçus comme de véritables atouts et des contributeurs au succès de l’organisation. Les employés, qui aujourd’hui sont considérés comme des ressources et au service de l’organisation, seront, demain, les bénéficiaires de l’organisation. Cette nouvelle approche de création de valeur pour les employés permettra une meilleure attraction de nouveaux membres de l’équipe et une meilleure rétention des employés performants. On veut donc promouvoir les talents, assurer la diversité et l’inclusivité et les habiletés des employés dans leur fonction.
Avantage concurrentiel
Le concept même de stratégie, basé sur les principes de Michael Porter, est centré sur l’acquisition d’un avantage concurrentiel pour gagner des clients. Mais dans une organisation 5.0, la stratégie servira pour acquérir et utiliser un avantage concurrentiel pour offrir une proposition de valeur unique pour ces employés.
Résilience
La productivité et l’efficacité ont été, depuis plus de trente ans, les mots d’ordre dans les organisations. Mais ce n’est plus suffisant ! Si nous avons appris des dernières années, c’est que l’anticipation, la gestion des risques et la résilience sont de mises pour nous permettre de passer au travers des moments d’instabilité.
Agilité et flexibilité
Tous les concepts du Lean Management, tels qu’appliqués généralement, avaient des connotations d’efficacité, de réduction du gaspillage et d’optimisation. Avec l’industrie 5.0, on voit un retour du balancier vers l’équilibre. En fait, on ne priorisera plus l’efficience aux dépens des autres atouts d’une organisation.
Anticipation et gestion des risques et apprentissage
L’efficience restera un élément important, surtout dans les éléments standardisés et automatisés, mais la stratégie cherchera à amener l’organisation à devenir capable de résister aux crises. En fait, ici il est donc question de pouvoir anticiper, réagir et apprendre rapidement et systématiquement après chaque crise. L’ajout de technologie pour l’anticipation, la prévention et la gestion des risques devient d’autant plus important avec les chaines d’approvisionnement complexes dans lesquelles nous opérons actuellement.
Plusieurs éléments sont nécessaires pour améliorer la résilience organisationnelle, notamment la culture de l’organisation et ses méthodes de communication, les objectifs communs entre les équipes, la capacité d’adaptation et la gestion de l’adversité. Pour voir la série d’articles sur notre site web : https://www.aristeio.com/blogue/category/gestion-du-changement/
Développement durable.
La réduction, le recyclage et la réutilisation ne sont plus les approches préconisées, quoiqu’elles demeurent importantes. L’industrie 5.0 cherche à créer un impact « net positif » par le biais des efforts pour créer un monde meilleur où les entreprises font partie de la solution. En fait, la CE a indiqué que l’industrie 5.0 « place le bien-être du travailleur au centre du processus de production et utilise les nouvelles technologies pour assurer la prospérité au-delà de l’emploi et de la croissance, tout en respectant les limites de production de la planète ».
Cette nouvelle phase d’industrialisation permet de compléter l’industrie 4.0 et de ramener l’humain au centre des organisations, de manière à créer une collaboration humain-machine. En stimulant la pensée critique et l’adaptabilité dans des processus de travail et décisionnels qui ont maintenant pour but de contribuer à l’amélioration de la société, les organisations seront en mesure de devenir plus résilientes et d’affronter les prochaines perturbations dans les marchés. L’industrie 5.0, qui s’applique à toutes les industries, est donc une clé importante qui permettra à toutes les organisations d’avoir les éléments critiques en place pour affronter les défis et les changements constants de demain.
La communauté européenne est déjà engagée dans cette évolution des industries. Les changements de cette nouvelle ère sont non seulement bénéfiques, ils sont cruciaux pour pouvoir se préparer à la seule constante des prochaines années : les changements seront plus fréquents et plus complexes que jamais.
SOURCES : en anglais seulement.
Crédit photo: Andy Kelly sur Unsplash
